Traditions Raen /10/ L'art

L’art, sous toutes ses formes, est au moins aussi important pour le peuple aoran que les rituels et les croyances. On retrouve, chez les Raen tribaux, la musique, la danse, la sculpture, la peinture sur toile de cuir et la peinture rupestre.




La musique des Raen, se rapprochant quelque peu des mus du « style tergui » que nous connaissons, est la musique de l’ouest du territoire aoran, représenté par le Désert de Nhaama.

C’est une musique ancestrale, le plus souvent chantée par une femme, ou un homme à la seule condition que ce dernier ait une voix au minimum contralto. Les hommes considèrent effectivement qu’une voix au timbre féminin est plus pure.

Le/la soliste est possiblement accompagné/e d’un ou deux chœurs : soit féminin ou masculin dans le cas d’un seul, soit féminin d’un côté et masculin de l’autre en cas de duo de chœurs (la culture des Raen interdisant la mixité au sein d’un même chœur).

Les musiciens autour du/de la soliste sont exclusivement des hommes et ne sont généralement pas plus de trois comprenant un joueur de gellal (tambour), un joueur de bengri (une sorte de luth) et un joueur de temja (flûte).

Il s’agit souvent de chants narrant la cruelle beauté du désert.





Encore une fois, on peut constater au sein du peuple Raen que les hommes restent effacés dans cet art qu’est la danse. Les femmes, plus petites et aux courbes plus sinueuses, ont un corps qui se prêtent à la danse orientale telle que nous la connaissons sous le nom de « Raqs Sharqi » (danse du ventre).

Les femmes étant particulièrement respectées et mises à l’honneur chez les Raen, elles expriment par cet art leur féminité, leur vitalité, mais aussi leurs sentiments, joies et peines. De façon générale, cette danse se caractérise par la dissociation des parties du corps qui peuvent bouger indépendamment l'une de l'autre, et se compose aussi bien de rythmes saccadés que de cadences lentes et fluides.

Elle peut utiliser comme accessoire un voile, des bracelets de grelots aux poignets et aux chevilles, ou encore une diya (petite lampe à huile orientale).





Les Raen raffolent de petites figurines. Le désert étant particulièrement avare en ressources exploitables, ce peuple n’a guère mieux que la roche à travailler. Leurs outils  étant simples, ils ont mis des siècles avant de trouver une pierre à la fois assez solide pour ne pas se briser et assez tendre pour être façonnée : la Stéatite.

Les sculptures représentent presque uniquement des animaux, les seuls humains sculptés étant les héros de légendes ou bien les enveloppes charnelles d’Azim et de Nhaama.

Elles sont souvent minimalistes, polies et rehaussées de gravures pour marquer ces figurines des traits les plus forts de l’animal représenté, ainsi que d’un schéma de stries propre à chacune des trois tribus.

Cette activité n’a aucune restriction, pourtant on ne compte principalement que des hommes la pratiquant.





PEINTURE SUR CUIR

La peinture sur cuir est un art que l’on peut qualifier d’exclusif aux Kaju, qui ornent les peaux de leurs chèvres tuées de décorations, que ce soit pour décorer l’intérieur d’une tente ou pour rehausser un vêtement en y ajoutant une pièce tannée, travaillée et peinte.

S’il s’agit d’une décoration de tente, des dessins minimalistes seront privilégiés, retraçant des scènes auxquelles on peut assister quotidiennement dans le désert. Félins en train de chasser, antilopes se nourrissant auprès d’acacias ou d’arganier, dhalmels grattant le sol pour trouver des nappes phréatiques et d’abreuver, etc... Encore une fois, les hommes ne sont que peu représentés dans ces décorations.

Les Kaju détenant un rôle majeur dans l’équilibre du troc au cœur du désert, il leur arrive très souvent de proposer à l’échange leurs créations sur « toile de cuir ». Cela a pour but d’ajouter de la valeur à leur marchandise, généralement limitée à des chèvres ou des chevreaux.


PEINTURE RUPESTRE

La peinture rupestre est un art plus répandu chez les Ashina et les Goran, chacune des deux tribus ayant sa « marque » qui permet de les différencier quand on a un regard un peu plus affûté. Le style reste, à l’instar des peintures sur cuir des Kaju, minimaliste.

Grottes, falaises ou monticule rocheux, toute étape voit la matière minérale marquée de l’empreinte des Raen. Scènes de chasse, bestiaire, rituels, la pierre devient le support de l’histoire de ces tribus, et des événements qui rythment leur vie et leur quotidien.